Anna LE MOINE GRAY – Artiste

« Mais celui-là m’enrichit qui me fait voir tout autrement ce que je vois tous les jours » 1

Anna Le Moine Gray est une artiste peintre, née en Bretagne, élevée en breton.
Elle a étudié l’architecture, la philosophie et la linguistique tout en apprenant le dessin et la peinture dans des ateliers de peintres. Après trente-trois ans dans les îles britanniques, enrichie par les contacts avec d’autres cultures celtes, elle est revenue vivre sur la presqu’ile du Cap Sizun, tout au bout du continent. Elle y a retrouvé son pays et les sonorités de sa langue. Très jeune, elle a choisi la route de l’art, celle de l’expression par la peinture, d’un langage sans mots unissant la sensibilité de son regard au désir de communiquer.

Grâce au travail sans relâche de son père pour la Bretagne elle a grandi parmi des livres sur son histoire, ses traditions, sa poésie et les œuvres de peintres bretons dont celles des Seiz Breur. Elle a pu s’imprégner du formidable élan créatif de ce groupe qu’elle a retrouvé dans la philosophie du mouvement Arts & Crafts. Partageant l’envie d’embellir le quotidien, de mettre l’art dans la vie de tous les jours, « Vivre dans l’art réalisé », en reconnaissant les richesses du passé breton puis en les réinterprétant. C’est un projet de travail qui a pu se concrétiser en rejoignant Pevarzek, où, comme chez les Seiz Breur, « Toutes les recherches personnelles sont admises »2. Depuis toujours, elle marche pour peindre, arpentant cette terre bretonne qu’elle aime profondément, « œil ouvert, cœur battant » 3.

Elle reprend chaque jour les chemins qui la mènent vers ces lieux d’exceptions (aux points de passages, de fractions entre la mer, le ciel, les rochers, la nuit, l’aube). L’expérience vécue à travers ces paysages en mouvance devient trace et se transforme en dessins qui donnent naissance à des toiles, transpositions de son émotion dans la nature. C’est l’envol de la peinture ; chaque œuvre nait d’un dialogue avec le réel : acuité de l’observation, sensibilité à l’esprit du lieu – Genuis Loci – joie de dessiner, chemins inscrits dans le corps par le pas, le mouvement de la main sur le papier, la mémoire du geste, de la lumière, des couleurs, des sons, de l’air, des parfums… Emerveillement devant la vie la plus simple, à toutes ses heures et en chaque saison. Souvent la toile est retravaillée ; scrutée pendant des semaines, des mois ; lavée de blanc pour ne laisser que l’essentiel, comme un palimpseste, où se devine le long cheminement vers la justesse. Sa vision du paysage est ancrée dans la tradition mais insufflée par des recherches contemporaines ; introduisant l’écrit, le graphisme, les motifs décoratifs ; miroir de ses recherches littéraires et picturales.

« Ce qui en résulte, c’est l’approfondissement du monde par l’émotion esthétique » 3

Notes : 1 -Paul Valery 2 – Pascal Aumasson 3 -François Cheng 4 -Avigdor Arikha